En tant qu’Européens, on peut voter ici aux élections locales et aux européennes — mais pas aux nationales.
On a quand même déjà voté deux fois, dont une cette semaine, à une élection partielle pour choisir un conseiller municipal. Et bien l’expérience est très différente de ce qu’on avait connu en France… Petit inventaire.
- D’abord, le bureau de vote n’est pas dans une école, une mairie… Non, on vote dans un social club – bref un bar ! Ça enlève tout de suite du sérieux à la chose.
- Les Anglais n’ont pas de carte d’identité. L’idée même les répugne. Du coup, impossible de s’assurer de l’identité de la personne qui vote. On reçoit chez soi une petite carte avec un numéro, comme la carte d’électeur en France. Mais elle n’est pas non plus obligatoire. Cette semaine, je suis donc allé voter en donnant simplement mon adresse et mon nom de famille ! J’aurais pu voter pour un voisin sans problème.
- Le bulletin est pré-imprimé avec la liste des candidats. Il faut cocher dessus pour qui on vote. Pas d’enveloppe pour le bulletin, pas de rideau à l’isoloir. On glisse le papier dans l’urne, qui est une simple boîte en plastique, opaque, sans petite manette, sans compteur, sans petit ding. Les personnes présentes ne regardent même pas quand on le fait: pas de Peut voter, A voté. Et pas de signature non plus.
- Pour finir, le jour où les élections locales ont eu lieu dans tout le pays, les médias ont vaguement fait leur une dessus, mais il n’y a pas eu de soirée électorale avec des résultats donnés dès la fermeture des bureaux de vote. Il est vrai qu’ils ferment tard (22h), mais même les chiffres de la participation n’étaient pas évoqués.
Tout cela rend une impression très décevante ! On est habitué a plus de décorum et de sérieux pour ce qui est quand même censé être une affaire importante !
Le rapport des gens avec la politique est ici très différent. On n’attend rien de l’État, on le surveille du coin de l’œil : ce n’est pas uniquement de Bruxelles dont les gens se méfient, mais de tout pouvoir central. À part quelques exceptions, les gens ne font pas de carrières politiques de plusieurs dizaines d’années, et ils sont expulsés à la moindre incartade. L’année dernière, le secrétaire d’État à l’énergie a dû démissionner, parce qu’il a fait dénoncer sa femme à sa place pour un excès de vitesse ! On est loin des monceaux de casseroles de nos politicards français…
Bref, on habite dans un pays d’anarchistes, où les gens font très attention à ne pas donner trop d’importance à cet événement mineur qu’est une élection ! Et pourquoi pas…