Corona-rentrée — Iris

Iris aussi a fait sa rentrée, en 6th form (lycée, en gros). C’est dans le même établissement, mais assez différent : il n’y a plus que 3 matières, des classes toutes petites d’une dizaine d’élèves au max, et il n’y a plus d’uniforme ! Du coup, il a fallu qu’elle se trouve un style, c’était dur… Elle a choisi chemise hawaïenne, ce qui lui va très bien – et pas juste parce qu’elle se fait plein de taches en mangeant…

Comme matières, elle a pris Histoire (sa matière préférée, la Maman est très fière), Littérature anglaise, et… Criminologie ! (Elle hésitait avec Biologie, le Papa aurait préféré.)
Il y a beaucoup de travail personnel : elle a déjà rendu un essai sur le début de règne d’Élisabeth Ière, un autre sur la fusillade de Columbine, et probablement quelques autres encore, dont on n’entendra jamais parler.

Le 6th form ne dure que 2 ans, et ensuite ce sera les A level, puis l’université. La Maman a déjà choisi son sujet d’étude pour elle : Archéologie ! C’est pour concilier ses goûts pour l’Histoire et pour crapahuter dans la boue. Iris ne dit pas non pour l’instant… mais elle trouve que sa mère l’utilise un peu trop pour vivre par procuration.

Corona-rentrée — Zoé

Ça fait 2 semaines déjà que les 2 plus jeunes sont retournées au collège.

C’est un peu spécial cette année, Coronavirus oblige. Les horaires sont décalés pour ne pas que les différents niveaux se croisent. Zoé commence donc 20 minutes avant Iris. Elle ne peut pas non plus arriver par n’importe quelle entrée comme avant – chaque groupe arrive par une entrée différente, ce qui fait qu’elles ont toutes les deux abandonné le vélo et qu’elles y vont à pied maintenant.

Une conséquence de ça : la récréation est parfois au milieu d’un cours ! La cantine est aussi perturbée : Zoé peut maintenant accéder uniquement au “Snack shack”, le stand de sandwiches et panini, et Iris ne peut pas y aller, elle doit prendre un plat chaud. Je suis sûr qu’en France ce genre de choses n’arriverait pas 🙂

Elle est en “year 8” cette année, la deuxième année de collège. Changement récent : elle a décidé cette année de ne plus mettre de jupe et de passer au pantalon d’uniforme. On a demandé pourquoi, mais les explications n’était pas très convaincantes. Elle a toujours son logo “Extinction Rebellion” sur le sac par contre.

Elle est aussi revenue dépitée un soir, parce qu’elle trouve que ses condisciples ne sont pas très politisés. Ou de droite.
Ils ne savent même pas ce qu’est le Brexit. Ils n’ont pas l’air de considérer le réchauffement climatique comme un problème. Et aussi, il y avait une discussion ou des gamins parlaient de “Greta Thunderberg” qui était norvégienne, et qui n’allait pas à l’école. Elle a levé la main (oui, Zoé, la timide !) pour expliquer que Greta Thunberg était une activiste suédoise, qui venait de passer une année sabbatique.

Bref, elle n’a pas fini de changer, et on suit ça de près !

Gaël / Maxine

On a déposé Gaël à l’université de Portsmouth lundi ! Ça fera l’objet d’un prochain article très bientôt. Mais je voulais d’abord vous parler un peu de lui.
Ou plutôt d’elle, parce que voilà : Gaël est une fille.

Il n’y a pas eu de grande révélation un jour, c’est plutôt nous qui avons petit à petit accepté la réalité. Elle n’est pas une grand communicatrice, et on n’est pas très rapide, donc ça a pris du temps… Mais elle a toujours dit qu’elle voulait être une fille, même toute petite. Et voulu mettre des robes, et essayé du rouge à lèvre, etc.
Maintenant, on dit « elle », et on l’appelle Maxine, qui est le prénom féminin qu’elle s’est choisi. (On se trompait régulièrement au début… mais elle a été très patiente avec nous !)

On est en contact avec quelques parents qui vivent des choses similaires, et on fait aussi partie d’une association pour échanger nos expériences. Dans plein d’autre cas, ça ne se passe pas aussi calmement et facilement, donc on se considère comme très chanceux !
On vit aussi en Angleterre où, je pense, être transgenre est plus médiatisé et mieux accepté qu’en France. Les jeunes, en tout cas ici, ne considère pas le genre comme un choix binaire, mais comme une chose plus continue, nuancée et changeante. Certains profs ont aussi commencé à l’appeler « she » avant nous. Ça nous a sans doute aidé à franchir le pas.

Si vous y arrivez, parlez d’elle au féminin et appelez-la Maxine, ça lui fera plaisir.
Si vous n’y arrivez pas, ou si vous vous loupez de temps en temps, elle ne vous en voudra pas. Dites-le autour de vous si vous voulez, comme vous le voulez, sans en faire des tonnes. Elle n’a pas envie d’en faire tout un plat. Pour elle, elle est une fille et voilà, ça ne change rien d’autre.

Comme illustration, je termine sur une photo d’elle au bal de promo de son école, il y a deux ans. Elle a défilé sur le tapis rouge habillée dans cette robe, et son arrivée a été applaudie par toute l’école, élèves et profs…
Ça dénote quand même un sacré courage, qui nous épate beaucoup !